
De Ascu Stagnu à Tighjettu
Sans doute l’étape la plus emblématique du GR20 (Jour 4), cette section vous conduit tout près du Monte Cinto, point culminant de la Corse avec ses 2706 mètres. L’ascension est longue et exigeante, menant à une arête située juste sous le sommet.
Bien que le parcours officiel ne passe pas par le sommet lui-même, une courte variante permet aux randonneurs motivés de fouler le point le plus haut de l’île, une expérience inoubliable. La progression continue ensuite vers le sud-ouest le long de l’arête vertigineuse de la Pointe des Eboulis, offrant des panoramas exceptionnels sur les reliefs corses. Après avoir franchi le col escarpé de Bocca Crucetta (2450m), la descente vers le refuge de Tighjettu s’amorce : elle est pierreuse, technique et demande une attention constante. Tout au long de cette journée, les paysages sont à couper le souffle mais une bonne météo doit être de la partie pour en profiter pleinement.
Ce tronçon du GR20 Nord est réservé aux randonneurs aguerris. Il comporte de nombreux passages exposés, parfois équipés de câbles pour faciliter le franchissement de zones rocheuses. L’approche finale vers l’arête se fait sur un terrain instable et raide : il est impératif de garder ses distances avec les autres pour éviter les accidents liés aux chutes de pierres. En raison de la nature aérienne du parcours, cette étape est déconseillée à ceux qui souffrent de vertige. Mieux vaut également éviter de s’y engager par mauvais temps ou lorsque la visibilité est réduite. Des névés peuvent persister jusqu’en juin : dans ce cas, l’usage de crampons et d’un piolet peut s’avérer nécessaire.
Détail de la randonnée entre Ascu Stagnu et Tighjettu
Depuis 2016 le passage par le Cirque de la Solitude n'est plus possible
Cette étape est relativement récente sur le GR20. Elle a été mise en place après qu’un éboulement tragique, en juin 2015, aggravé par de mauvaises conditions météorologiques en 2016, a causé la mort de plusieurs randonneurs dans le Cirque de la Solitude. Depuis, cet ancien itinéraire légendaire a été fermé : les balises ont été retirées et il est formellement déconseillé de l’emprunter, bien que certaines cartes l’indiquent encore.
Le nouveau tracé, plus élevé, remplace l’ancien parcours au départ du Haut-Asco. Il passe désormais par le massif du Monte Cinto, via la Pointe des Éboulis, point culminant du GR20. Ce parcours, bien que magnifique, reste exigeant et exposé, notamment en raison de l’altitude. Les années de forte neige, des névés glacés peuvent persister jusqu’en été et présenter des risques supplémentaires.
L’ascension depuis le Haut-Asco est longue et raide, empruntant des rochers escarpés et des sentiers de gravier glissants. Depuis la Pointe des Éboulis, l’itinéraire suit l’arête sud-ouest du Monte Cinto jusqu’à la Bocca Crucetta, avant de redescendre abruptement vers le refuge de Tighjettu. Il est fortement recommandé de prévoir suffisamment d’eau potable dès le départ, car après le pont sur le ruisseau de Tighjettu, aucune source n’est disponible. Avec un peu de chance, vous croiserez des mouflons sur le chemin.
Le parcours par la pointe de éboulis
De Asco à Bocca Borba
Au parking de l’hôtel Le Chalet, des flèches en bois (« Refuge Tighjettu » et « Monte Cinto ») indiquent le début de la « nouvelle » étape, qui remplace depuis 2016 l’ancien itinéraire par le Cirque de la Solitude.
Vous commencez par une promenade à l’ombre d’imposants pins laricio sur un chemin forestier confortable en direction du sud. Après 900 mètres, vous traversez un premier lit de ruisseau, souvent à sec. Peu à peu, la forêt s’éclaircit, offrant une vue spectaculaire sur le Cirque de Trimbolacciu, un impressionnant cirque glaciaire.
Ce cirque est dominé par l’imposante double pointe du Capu Larghia, qui culmine à 2 503 mètres d’altitude. Le pont sur le ruisseau de Tighjettu (km 1,7) apparaît maintenant dans le sens de la marche. Profitez de cette dernière occasion pour remplir votre gourde, car après cela, il n’y aura plus de points d’eau disponibles.
De l’autre côté du pont, le sentier balisé de bandes rouges et blanches s’élève rapidement. De courts tronçons praticables alternent avec des falaises abruptes, idéales pour les amateurs d’escalade (niveau I-II). Certains des passages les plus difficiles sont équipés de chaînes pour faciliter la progression.
Attention : par temps humide, les rochers deviennent très glissants, augmentant le risque de dérapage, surtout si vous arrivez du sud et que vous descendez ces pentes rocheuses.
À environ 200 mètres plus haut (km 2,3), une vue spectaculaire s’ouvre sur un profond ravin situé à droite du chemin. Un énorme bloc de roche culminant à 2 116 mètres, visible dans le sens de la marche, attire particulièrement l’attention. Cette curiosité naturelle, surnommée La Tour Penchée, est considérée comme la version corse de la tour de Pise.
Le GR20 s’oriente ensuite vers l’est, puis vers le sud-est. Vous montez progressivement sur le versant sud du Capu Borba (sommet à 2 305 m d’altitude), progressant sur des graviers, des éboulis et des marches rocheuses. Le sentier traverse un ravin secondaire à 1 870 mètres d’altitude (km 2,8). Si vous entendez des bruits de pierres qui roulent, levez les yeux : il se peut que des mouflons, emblèmes de la faune corse, soient en train de se déplacer dans les rochers proches. Cette région abrite la plus grande colonie de ces animaux emblématiques.
Plus loin, le GR20 traverse un bosquet d’aulnes avant d’atteindre une longue pente raide de graviers. La montée y est éprouvante, fidèle à la devise : deux pas en avant, un pas en arrière. Finalement, vous atteignez le plateau (2 120 m, km 3,5), situé en contrebas de la brèche de la Bocca Borba.
De Bocca Borba à Bocca Crucetta
Le tronçon suivant qui passe par la Pointe des Éboulis est accessible seulement à partir de juin car la neige glacée encore présente peut rendre la progression difficile. La montée et la descente peuvent alors nécessiter un équipement approprié, comme des crampons et un piolet.
Conseil : en cas de doute et si vous faites le GR20 par vos propres moyens, renseignez-vous auprès du PNRC (Parc Naturel Régional de Corse) sur les conditions attendues avant de vous engager dans cette section.
Vous traversez le plateau en direction du sud, puis empruntez une longue pente de graviers qui mène à la face nord verticale du Monte Cinto. Sur le chemin vers le sommet, vous dépassez à droite le lac d’Argentu (alt. 2 300 m, km 4,1). Ensuite, vous continuez à marcher, désormais moins raide, sur une crête rocheuse orientée vers le sud-ouest.
Après 300 mètres, vous prenez à nouveau la direction du sud pour monter directement à la Pointe des Éboulis (alt. 2 607 m). Ce dernier tronçon comporte également quelques passages d’escalade, dont certains sont sécurisés par des chaînes.
Depuis la Pointe des Éboulis le panorama est exceptionnel. Dans le sens des aiguilles d’une montre, on peut observer la presqu’île du Capu Rossu (à l’ouest), Calvi (au nord-ouest), la presqu’île du Cap Corse (au nord-est) et la côte est de la Corse. Vers le sud, la vue s’étend sur le lac de barrage de Calacuccia et les sommets de la Corse-du-Sud.
Pour une expérience encore plus spectaculaire, il est recommandé de faire un détour par le sommet du Monte Cinto (alt. 2 706 m), surtout par beau temps.
Descente vers le Refuge de Tighjettu
Depuis la Bocca Crucetta, le sentier descend en zigzag une pente raide et caillouteuse. Après 200 mètres, vous retrouvez un terrain plus stable, longeant la gorge du ravin de Valle di Stagni sur la droite. À 1 970 mètres d’altitude (km 7), vous traversez le ruisseau de Crucetta, qui sort des gorges, puis continuez sur des dalles rocheuses inclinées (km 7,3). Ces dernières exigent une attention particulière, notamment en cas d’humidité (risque de glissade).
En vue des premiers pins laricio, vous quittez le ruisseau, restez à droite à une bifurcation (km 8,3) et atteignez rapidement le refuge de Tighjettu. Le refuge se trouve à l’intersection de deux vallées encaissées : le ravin du Stranciacone et le ravin de Valle di Stagni.
Carte du parcours
Variante avec montée optionnelle au Monte Cinto
Dominant l'île de toute sa hauteur, le Monte Cinto s’élève à 2 706 mètres, faisant de lui le point culminant de la Corse. Son relief, sculpté dans le granite et la rhyolite, témoigne d’un passé volcanique ancien, remontant au Carbonifère ou au Permien, époque durant laquelle une caldeira s’est formée avant d’être lentement érodée au fil des millénaires.
L’ascension débute à la Pointe des Éboulis, où une indication simple (« Monte Cinto ») marque le départ. Le sentier, balisé de points rouges, serpente en partie le long de l’arête sud-ouest, tout en empruntant ponctuellement le versant sud de la montagne. On atteint d’abord un sommet secondaire à 2 651 mètres, avant de descendre légèrement pour traverser une zone de blocs rocheux. L’ultime montée vers le sommet principal se fait ensuite sans grande difficulté, avec quelques passages d’escalade faciles (niveau I-II).
Tout au long de la montée, le regard se perd dans l’immensité. Sur la gauche, les pentes abruptes de l’arête sont parsemées d’éboulis. En contrebas, le lac de Cinto dévoile ses reflets verts, tandis qu’au loin, les silhouettes imposantes de la Paglia Orba et du Capu Tafunatu découpent l’horizon.
À environ 2 450 mètres d’altitude, le sentier oblique sur le flanc gauche de l’arête et s’élève à nouveau dans un pierrier raide. Une dernière section demande un peu d’escalade avant d’atteindre la Bocca Crucetta (2 456 m, km 5,9), point de passage stratégique entre la montée et la descente vers le versant sud.
- Distance : 2,0 km
- Dénivelé : +200 m, -200 m
- Durée : montée 45 min, descente 30 min
- Altitude : 2 607 m → 2 706 m
Nos conseils
Lors des passages sur les rochers, prenez garde à vos déplacements en sécurisant bien vos prises de main et de pied. Maintenez une distance raisonnable avec les autres randonneurs, car les chutes de pierres ne sont pas rares et les pentes sont très raides.
Refuge de Tighjettu (1638)
Le refuge est situé dans un cadre magnifique, offrant une vue imprenable sur la vallée. Il dispose de 36 places de couchage. Les toilettes à la turque se trouvent 50 mètres plus bas. Un service de restauration est proposé. Par grand vent, le refuge, construit sur pilotis, peut vibrer sous les rafales de mistral. Pour ceux qui préfèrent camper, des emplacements sont disponibles à proximité du refuge ou à l’auberge d’U Vallone, située plus en contrebas.
Pour sauter l’étape
Pour les marcheurs souhaitant éviter l’étape 4, les Autocars Grisoni assurent une navette depuis Haut Asco.
Pour quitter le GR20.
Un sentier mène à Calasima (2 h 30 ; 7 km) et à Albertacce (3 h 45 ; 12 km). Depuis Calasima, vous pourrez prendre un taxi pour Corte ou le col de Vergio.
Les passages clès
- La Pointe des Éboulis (2607m)
- Les sommets imposants du Capu Larghia et du Capu Falu
- Le vallon de la Crucetta
Pour aller plus loin découvrez toutes les étapes du GR20