La Balagne : villages et randonnées à explorer

Une occupation ancienne

Cette région fut habitée depuis les temps préhistoriques. À l'âge du fer, la Balagne vivait vraisemblablement déjà de la pêche et du commerce maritime. Dans l'Antiquité, Phéniciens, Grecs et Étrusques abordèrent ses rivages, puis les Romains s'y installèrent et la cultivèrent. Des témoignages de leur présence ont été découverts à Calvi, l'Île-Rousse, Algajola, Speloncato et Calenzana.
Les Sarrasins, attirés par les richesses de cette contrée, y multiplièrent de mémorables razzias, dont celle d'Algajola, la plus célèbre.

Le verger de la Corse

La Balagne devint, au XIe siècle, le fief des « marquis de Massa et Corse », établis par les Pisans pour défendre ce territoire contre les incursions sarrasines. Pour surveiller le rivage, ils édifièrent des châteaux forts dont subsistent de nombreux vestiges, comme les ruines de la forteresse des Savelli à Corbara.

Ces seigneurs furent les bienfaiteurs des bénédictins, qui s'implantèrent solidement en Balagne au XIIe siècle et contribuèrent au renouveau agricole de la contrée, ruinée par l'anarchie et les invasions. Corrélativement, le commerce avec la Toscane reçut une nouvelle impulsion. À la fin du XIIe siècle, la Balagne était la première région viticole de l'île avec Bastia et le Cap Corse.
Une population aisée fit édifier, pendant la période pisane, un grand nombre d'églises, parfois sur d'anciens sites paléochrétiens : à Calenzana, Cassano, Montemaggiore, Lumio, Aregno... si bien que l'on parla de la « sainte Balagne ».

De l'époque génoise à l'époque moderne

La république de Gênes s'implanta dans la région au XIIIe siècle ; elle y fonda les places fortes de Calvi et d'Algajola, qui disposaient ainsi d'un territoire assez riche pour subvenir aux besoins de la garnison et de la population. Au XVIIe siècle, la Balagne était une région de polyculture méditerranéenne, où dominait l'olivier. Son huile était très prisée. Au XVIIIe siècle, Pascal Paoli bâtit l'Île-Rousse, principal débouché de la Balagne fertile.

La Balagne aujourd'hui

La désertification, les menaces d'incendies, l'augmentation de la concurrence et le dépeuplement de la région ont conduit à une baisse d'intérêt pour les activités agricoles traditionnelles au profit du développement touristique. Le littoral de cette région s'est particulièrement développé avec l'apparition de villages de vacances et de ports de plaisance. Des ensembles résidentiels de vacances avec ports de plaisance privés ont vu le jour. Calvi est maintenant concurrencée par les stations balnéaires en pleine expansion d'Algajola et de l'Île-Rousse.

À l'est de Calvi, la route N197 traverse Lumio, un village pittoresque en terrasses surplombant le golfe. Lumio est renommé pour son église romane remarquable et le Centre d'ethnographie et de recherche métallurgique, où les visiteurs peuvent découvrir la fonte et le forgeage de l'acier selon les méthodes traditionnelles corses. Algajola, située quelques kilomètres plus loin sur la route côtière, est une charmante station balnéaire avec une plage en demi-lune dorée. Plus loin, la ville de L'Île Rousse, perchée sur le promontoire rougeâtre de La Pietra, offre deux plages magnifiques malgré une réputation parfois surestimée.

L'intérieur de la Haute-Balagne abrite certains des villages forteresses les plus pittoresques de l'île. Développés durant l'occupation pisane, ces villages millénaires possèdent des églises romanes comme San Trinita à Aregno et Santa Restituta à Calenzana. Sous l'influence génoise, des églises baroques telles que celle de Corbara ont vu le jour, offrant une décoration flamboyante qui mérite le détour.

Les villages de l’intérieur ont uni leurs efforts pour promouvoir leur patrimoine et partager leurs traditions avec la création de route des artisans, un itinéraire dédié aux anciens métiers : apiculteur, relieur, luthier, coutelier, céramiste, etc. Un programme de réaménagement a revitalisé les pratiques traditionnelles, notamment la production d'huile d'olive avec des pressoirs anciens. Plusieurs localités possèdent des sociétés musicales et artisanales actives. En été, des concerts dans des villages comme Pigna et Belgodère permettent de savourer pleinement la culture locale.

Autrefois retranchée derrière sa citadelle, Calvi s'est largement ouverte au tourisme. La capitale de la Balagne s'anime dès les beaux jours et accueille jusqu'à 50 000 estivants pendant l'été, multipliant ainsi sa population habituelle par huit. La ville et son superbe golfe de sable fin attirent également grâce à de nombreux festivals animant la cité. Dans l'arrière-pays, la Balagne ainsi que les régions plus éloignées comme le Giussani et l'Ostriconi offrent de magnifiques possibilités de balades en montagne.

Calvi a été un lieu de passage dès l'Antiquité, fondée par les Romains au Ier siècle, détruite par les Barbares, puis ressuscitée au XIe siècle sous la République de Pise. Après avoir été le théâtre d'affrontements entre seigneurs locaux, Calvi choisit la protection de la République de Gênes en 1278. Fidèle à cette alliance, comme le rappelle sa devise "Calvi semper fidelis" (Calvi toujours fidèle), la ville devient rapidement un bastion génois avec ses remparts imposants et sa majestueuse citadelle.

On attribue à Calvi la naissance de Christophe Colomb en 1436 (ou 1441), selon certaines théories, une plaque commémorative étant placée dans ce qui pourrait être sa maison natale, à l'intérieur de la citadelle. Le commerce du blé et la culture intensive de l'olivier en Balagne ont également contribué à la prospérité de la cité.

Un réseau de sentiers a été aménagé entre les trois communes de la région. Ces sentiers empruntent les anciens chemins muletiers qui reliaient autrefois les villages. Ils sont faciles à suivre et divisés en sections abordables, allant de 1 h 30 à 3 h 30 de marche, avec quelques itinéraires plus longs reliant des localités plus importantes. 

Mare e Monti Nord et GR20

Ces deux grandes randonnées de longue durée partent de la Balagne. Il est possible de marcher sur le GR20 en montant vers les refuges d'Ortu ou de Carrozzu. Au départ de Calenzana, on peut emprunter le Mare e Monti pour plusieurs étapes.

Pointe de la Revellata

Située à environ 7 kilomètres au nord-ouest de Calvi, cette péninsule préservée se distingue par son charme unique et son caractère sauvage. Elle représente le point le plus proche de la France continentale depuis la Corse, avec une distance de 173 kilomètres jusqu'à Nice. Un chemin de 4 kilomètres, recouvert de pierres, conduit à un phare qui abrite un centre de recherches océanographiques, offrant des opportunités de plongée. Après une courte descente vers la pointe, une paisible plage s'étend sur la droite, offrant un lieu idéal pour se détendre.

Notre-Dame-de-la-Serra

Perchée sur les hauteurs de Calvi, face à la pointe de la Revellata, cette chapelle datant du XIXe siècle offre une vue imprenable sur la ville et sa baie, digne d'une carte postale. À proximité, une statue de Notre-Dame-de-la-Serra se dresse sur un rocher, entourée de nombreux ex-voto déposés par les fidèles.

Cirque de Bonifatu

Ne laissez pas le plaisir de découvrir ce magnifique cirque rocheux uniquement aux randonneurs du GR20, qui traverse cette région. Pour y accéder depuis Calvi, dirigez-vous vers la maison forestière de Bonifatu. Le chemin de la Spasimata monte jusqu'au refuge de Carozzu, en traversant la forêt de pins laricio de Bonifatu et en révélant les pics acérés et rougeoyants du cirque. Prévoyez environ 4 heures pour l'aller-retour. D'autres sentiers de randonnée partent de l'auberge de La Forêt, comme le sentier du Prince, la boucle d'Erbaghiolu passant par le Bocca Rezza (5 heures), et pour les plus aventureux, le Mare e Monti menant au refuge de Tuarelli (6 heures).